13 janvier 2017
Présidentielles 2017 – Réforme de l’État – ma contribution
Posted by Deloire Eric under Pensées ReflexionsNo Comments
A un peu moins de 100 jours du premier tour de l’élection présidentielle, permettez-moi de vous proposer ma modeste réflexion au sujet d’un thème qui me semble primordial
La centralisation de l’Administration française, c’est « l’apoplexie au centre et la paralysie aux extrémités ». Dans les pays de l’Est, peu avant la chute du mur de Berlin, on utilisait cette formule : « Le sommet ne peut plus, la base ne veut plus.»
Le fil directeur d’une nouvelle approche de l’action publique, à mon avis, c’est celui de la redistribution des pouvoirs au profit des consommateurs, des citoyens, des entreprises. Retrouver la confiance des Français, c’est leur faire davantage confiance. Et leur offrir de plus grandes libertés d’agir et de choisir dans tous les domaines. Peut-être un jour faudra-t-il donner une traduction institutionnelle et constitutionnelle à cette nouvelle approche.
Notre État-providence – comme tous ses homologues européens – est fourbu. Il connaît une crise financière et une crise de légitimité et d’efficacité.
Mais l’inévitable remise en cause de notre modèle social ne signifie pas la fin du social, ni même la fin du haut niveau de protection sociale auquel les Français sont légitimement attachés.
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’au regard de ce qui s’est fait dans de nombreux pays, les efforts de réduction de la dépense publique française ne sont guère couronnés de succès. Au surplus, les coupes budgétaires et les réductions autoritaires du nombre de fonctionnaires désorganisent ou affaiblissent l’exercice des missions de l’État. La surenchère verbale de la droite sur les économies que l’on promet de réaliser ou sur le nombre de fonctionnaires que l’on entend supprimer manque de crédibilité.
Il nous faut changer d’approche et promouvoir d’abord l’efficacité de la dépense publique. Les économies n’en sont que la conséquence. Il ne s’agit pas tant de couper davantage dans les dépenses de l’État, car la marge de manœuvre restante pour les coupes budgétaires est étroite, que de refonder l’État, de repenser son organisation et ses missions.
Un rapport de l’OCDE avait justement noté que, pour la France, « une baisse sensible des dépenses passe par une remise en cause profonde du rôle et du mode d’intervention de l’État dans divers domaines ». Pour réduire vraiment la dépense publique, il nous faut réduire le périmètre de l’État, redéfinir ses missions et passer au crible toutes ses fonctions. Cette tâche est-elle nécessaire ? Faut-il que l’État l’exécute, l’externalise ou la délègue ? Faut-il que le contribuable la finance ? Si oui, comment accroître son efficacité ? Sinon, comment la concevoir et l’exécuter autrement ? Bref, il faut accroître la part du marché soumis à la concurrence et aux choix individuels, réduire la part de notre économie soumise aux choix collectifs exprimés sur le marché politique.
Pour ma part, je recentrerai les missions de l’Etat sur seulement quelques thèmes, La défense, la sécurité, la politique extérieure, l’éducation, la santé et la culture.
Il faut – à l’exemple des social-démocraties nordiques réformées – revisiter le périmètre de l’État en accroissant la part des activités d’intérêt général soumise à la concurrence et aux choix individuels par rapport à celle qui est soumise aux décisions politiques et aux choix collectifs. L’efficacité de la dépense publique n’est pas une question de droite ou de gauche. C’est une question de méthode. Beaucoup de missions d’intérêt général peuvent être déléguées, concédées, ouvertes aux partenariats et faire appel à l’initiative associative.
La révolution numérique est un levier de changement et d’innovation. Et, bien évidemment, les fonctionnaires doivent être pleinement impliqués dans cette mutation.
L’exigence de réduction de la dépense publique se traduit dans la pratique gouvernementale par des coupes budgétaires dans les dépenses de l’État, des collectivités locales et les dépenses sociales, et la réduction programmée du nombre de fonctionnaires. On rivalise déjà dans l’affichage de ces coupes dans les budgets publics. Le problème, c’est que ces coupes, si elles permettent de réaliser des économies, diminuent le plus souvent le service rendu et se traduisent par la diminution du pouvoir d’achat. Ce qui ne peut que renforcer les crispations et les oppositions. Au surplus, cette stratégie de la hache n’améliore en rien la compétitivité de l’État et des systèmes sociaux.
Ce qui doit prioritairement retenir l’attention, que l’on soit de gauche ou de droite, c’est l’efficacité des dépenses sociales et de la dépense publique.
La réforme territoriale a posé la question de la taille des collectivités locales. Il y aurait un gain à fondre les départements dans les régions et à agrandir les régions. On peut sérieusement douter des économies que sont censés réaliser ces fusions ou ces agrandissements. La question essentielle de l’efficacité de la dépense publique locale n’a pas été posée. Elle reste d’actualité.
Cette question de l’efficacité se pose à peu près de la même façon que pour l’État : revisiter toutes les missions, déléguer, ouvrir à la concurrence, utiliser la révolution numérique… À ce réexamen des missions des collectivités locales et des conditions de leur exercice doit correspondre une réforme de la fiscalité locale pour apporter des ressources fiscales claires et distinctes aux collectivités afin de mieux les responsabiliser.
En conclusion, permettez moi de vous souhaitez que cette année ( au moins) soit une des meilleures années de votre vie.
Cette réflexion vient en complément de celle que je vous avis déjà soumis il y a quelques années déjà : http://teotoriatte.lesdemocrates.fr/2011/11/03/les-citoyens-au-coeur-des-evolutions/