Il est des thèmes, des sujets qui, tels des serpents de mer, des saisons, voire des modes, remontent à la surface, animent des débats puis replongent dans l’obscurité.

Depuis la dernière élection présidentielle, certains d’entre eux sont revenus au goût du jour : Le vote des étrangers, le mariage homosexuel…..mais il en est qui curieusement, alors que toutes les conditions étaient réunies, ne sont pas réapparu. Je pense en particulier au contrat de travail unique. Même les négociations entre partenaires sociaux de ces dernières semaines n’ont pas ouvert de discussion à ce sujet.

 

Dans un environnement en mutation rapide, notre perception traditionnelle du travail n’est plus du tout adaptée. Notre dispositif actuel n’est clairement plus en état de relever ce défi. Il semble même être contre productif, si l’on songe aux inégalités qui le caractérisent. Il convient donc de le repenser, en dépassant tous les conservatismes et corporatismes qui, depuis plusieurs années, bloquent son évolution.

 

Les salariés français sont parmi les plus stressés du monde. Les petits et moyennes entreprises françaises (véritables employeur dans notre pays), dont le moral est à peine meilleur en ce moment se plaignent, en plus du coût, de la complexité et de la rigidité de notre code du travail. 5150 textes relatifs au droit du travail en France, alors quela Suèden’en compte que 2400 etla Suisse700. Il existe une vingtaine de contrats de travails différents. Des formes précaires (CDD, intérim, saisonnier, etc..) ont été créées afin d’abaisser les barrières à l’embauche des publics éloignés de l’emploi.

 

Loin d’avoir assoupli le marché de l’emploi, ces contrats courts sont devenus le symbole d’un marché à deux vitesses, travailleurs intégrés d’un côté, travailleurs précaires de l’autre. Si le CDI est censé être la norme, huit personnes sur dix sont embauchées en contrat court. L’explosion du recours aux contrats courts, si elle démontre le besoin de flexibilité de l’entreprise, ne constitue pourtant pas un remède au chômage.

 

Le monde du travail, profondément divisé souffre également d’un profond clivage générationnel. Ce sont en effet les plus jeunes, notamment les moins diplômés qui sont principalement touchés par ce type de contrat.

En 2009, 49,7 % des salariés âgés de 15 à 24 ans étaient concernés par ces « formes particulières de l’emploi » contre 12,6 % de l’ensemble des actifs. Les jeunes se trouvent relégués au rôle de travailleurs de 2ème classe, subissant des situations précaires qui s’éternisent. Il est donc urgent de sortir de ces systèmes très dommageables pour la jeunesse française.

 

Le coût d’une embauche ratée n’incite pas les entreprises à prendre le risque de transformer un contrat précaire en CDI. Pour autant, et contrairement aux idées reçues, le CDD est extrêmement rigide en matière de droit du travail : une période d’essai très réduite à l’issue de laquelle ni l’employeur, ni le salarié ne peuvent rompre le contrat avant son terme, à quelques rares exceptions prés.

 

Afin de réduire les inégalités, de sortir de ce dualisme, il est nécessaire d’unifier les formes de contrat en rééquilibrant les rapports employeurs-salariés. Cette réforme du droit du travail est urgente. Elle facilitera l’insertion durable des jeunes (thème fort du candidat F. Hollande).

 

Mais il ne faut pas oublier qu’il existe des emplois stables et des emplois flexibles qui ne sont pas substituables. Il faut avoir l’humilité de savoir et de faire savoir que cette mesure ne résoudra pas tout.

Il faut surtout être conscient que la mise en place de ces dispositifs ne peut fonctionner que si elle est couplée avec la mise en place d’un système de formation professionnelle de qualité. Ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui, les politiques de formation professionnelle dans notre pays sont honteuses de gabegies et d’inefficacité.

 

Pour conclure, il faut savoir que les Français aiment le travail et n’hésitent pas à apprendre à leurs enfants à travailler dur. Pour ceux qui en doutaient, c’est ce que confirme une étude réalisée l’année dernière dans 80 pays par le World Value Survey, un institut prestigieux d’analyse des valeurs individuelles dans le monde. Le travail est même une valeur plus prisée en France que dans la plupart des pays riches.